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La programmation des FrancoFolies de Montréal 2017 étant plus qu’excellente, je n’avais nullement le choix de dédier un article à l’un de ses spectacles. Il y en avait d’ailleurs un que je ne souhaitais absolument pas manquer: le programme double Saratoga et Albin de la Simone. En fait, pour être honnête, j’étais surtout tentée par la prestation de M. de la Simone. J’apprécie grandement les chansons et l’univers de Saratoga, toutefois j’avais déjà pu voir le charmant duo en février 2017 et je désirais conserver l’authenticité de cette expérience. De plus, il faut dire que je suis une fan inconditionnelle d’Albin de la Simone et que je n’ai que très peu d’occasions d’assister à ses concerts, l’artiste habitant sur le vieux continent.
Lorsque je me procurai mon billet pour ce spectacle, je fis une étrange promesse avec moi-même; je devais être fraîche et dispose pour celui-ci. En effet, 3 ans plus tôt, je voyais Albin de la Simone, pour la première fois, sur les planches de la Maison de la culture de Tournai en Belgique (je rappelle que j’habitais dans le Nord de la France à cette époque). Il s’agissait d’un vendredi soir, j’avais eu une grosse semaine de travaux universitaires et de déceptions amoureuses et je n’arrivais plus à suivre le rythme. Bien que j’adorais la performance, mes paupières luttaient afin de rester ouvertes. Albin de la Simone méritait toute mon énergie et mon attention, je m’en voulus énormément de ne pas être en mesure de lui offrir. Il était donc hors de question pour moi de lui refaire ce coup. Et vous savez quoi? J’échouai.
Qui dit FrancoFolies de Montréal, dit grande célébration de la musique francophone et dit parfois abus d’alcool et nuits trop courtes. La veille du spectacle de Saratoga et Albin de la Simone, j’eus la brillante idée d’expérimenter les fins de soirée du Shag (Savoy du Métropolis) et je résumerai mon expérience en disant que je ne pus point prendre mon vélo pour rentrer chez moi. Le jour J arrivé, je me trouvai donc l’esprit embrouillé et le corps fragile. Déterminée à être en forme pour ce cher Albin, j’ingurgitai quelques médicaments et une tonne de café au cours de la journée. Quand vint le soir, je me sentis suffisamment ravivée pour me rendre à la Cinquième Salle de la Place des Arts.
C’était la première fois que je pénétrais dans cette salle. Je trouvai sa disposition originale et idéale pour la vue du public. Malgré tout, je dois avouer que j’espérais siéger un peu plus près de la scène. Je désirais repérer tous les détails du spectacle (les expressions faciales, les regards complices, les doigts sur les instruments, etc.) et m’assurer d’atteindre les frissons, le p’tit poil. Question de mettre un peu d’ambiance dans la place avant l’arrivée des musiciens, l’équipe de Saratoga avait installé au milieu de la scène une jolie radio vintage diffusant une musique des années 50. Ce simple accessoire apportait beaucoup de chaleur et mettait magnifiquement la table pour le spectacle.
Après quelques minutes d’attente, le duo monta sur les planches. Une fois de plus, je fus attendrie par la douceur de ses mélodies et par la synergie régnant entre Michel-Olivier Gasse et Chantal Archambault. Toutefois, je notai de petits bémols, bien personnels, à sa performance. Tout d’abord, ayant assisté à ce même spectacle auparavant, je connaissais pratiquement tous les mots d’introduction des chansons. La surprise n’était donc pas au rendez-vous, mais je comprenais pertinemment qu’il était difficile de réinventer le tout, une pièce ne couvrant généralement qu’une seule histoire pour ses auteurs. De mêmes présentations avaient néanmoins le mérite de démontrer que le spectacle était bien « roadé », bien préparé.
Ensuite, j’aime l’idée qu’un duo musical soit également un couple dans la vie, cependant je n’étais pas totalement à l’aise avec les taquineries qui pouvaient survenir sur scène. J’avais tendance à les prendre au sérieux, puis à m’inquiéter pour la relation intime et professionnelle de Saratoga (oui, je pense trop!). Enfin, le spectacle étant présenté dans le cadre des FrancoFolies de Montréal, il était possible de percevoir le son d’événements musicaux environnants. Pour ma part, je fus légèrement incommodée par cette cacophonie. Dans les premiers instants, je dus d’ailleurs me raisonner afin de ne pas accumuler une frustration. Je me convainquis qu’il était normal d’entendre ces bruits dans un contexte festivalier et qu’ils ne m’empêcheraient pas de passer un bon moment.
L’entracte sonna, je me ruai sur le petit bar de la Cinquième Salle, me procurai un sac de chips (mon souper) et repris place pour la tant convoitée performance d’Albin de la Simone. En toute simplicité, il entra sur scène accompagné de ses 3 musiciens. La musique pouvait attendre, l’artiste souhaitait d’abord discuter avec son public, faire connaissance. Il le saluai, présentai gentiment chaque musicien et indiquai que seuls sa voix et son piano seraient sonorisés lors du spectacle. Il y avait là un désir d’exposer la beauté du son brut des instruments. Malheureusement, le « boum boum » des événements d’à côté se faisant toujours entendre, il ne s’agissait pas des meilleures circonstances pour ce noble exercice acoustique.
Somme toute, le spectacle fut grandiose! Tout comme des pierres précieuses, chaque pièce semblait avoir été polie par Albin et ses musiciens afin qu’elles soient encore plus exceptionnelles. Je repense entre autres à Dans la tête et son sublime chaos orchestral, à « L’un de nous » et son sympathique jam percussif. L’artiste a un don pour les arrangements et sait parfaitement l’utiliser sur scène afin de faire vivre une expérience bien différente de celle studio à son public.
Et que dire de son charisme. Peu importe ce qu’il disait, peu importe ce qu’il faisait, Albin donnait le sourire aux lèvres. Parfois, par exemple, il se levait de son piano et faisait tout bonnement le tour de la scène sous prétexte qu’il devait se dégourdir les jambes. L’un de mes moments préférés fut sa présentation de la chanson La fleur de l’âge. Sur un ton humoristique, il raconta comment il l’avait impulsivement créée le jour où une ophtalmologue lui apprit que sa vue avait baissé et continuerait de baisser avec l’âge.
Enfin, Albin de la Simone conclut son spectacle avec générosité en offrant 2 rappels. Le premier comprenait 3 chansons, dont la délicieuse Tu vas rire (ma toune!), tandis que le deuxième ne présentait que la très absurde « Ne pas toucher mon zizi dans la sacristie ». Cette dernière me laissa un peu perplexe, je me demandai même si elle était le fruit de ma fatigue extrême et des bières de la veille. Après quoi, je retournai rapidement à la maison (en vélo, cette fois-ci) retrouver mon précieux lit et espérer que mes rêves prolongent le spectacle. : )
La Scèneuse